En temps normal, une jeune fille n’est pas censée se faire violer par ses propres amis. Mais qu’est-ce qu’un temps normal ? Sûrement pas le nôtre, en tout cas, et sûrement pas celui de Mandy, la jeune héroïne du film Share, lycéenne de seize ans qui voit un jour apparaître une vidéo sur son portable.
Tu as vu ça ? lui demande une amie par chat. Quoi ? demande Mandy avant de se découvrir culotte et pantalon baissés, en plein coma éthylique, entourée de ses copains qui rigolent en se demandant si c’est possible de « baiser ça, ça doit râper » tout en ajoutant que « c’est comme se faire une morte ».
C’est une chose qui arrive en ces temps peu normaux ou disons dans cette nouvelle norme où une jeune fille se fait violer trois fois. La première lors de l’acte, la seconde quand la vidéo circule, et la troisième lorsqu’elle décide de porter l’affaire devant les tribunaux, que la presse s’en empare, et qu’elle devient pour toujours et à jamais, dans cette réalité d’aujourd’hui ou plus rien ne peut disparaître du net, la fille ivre morte, exposée, violée, filmée et jetée en pâture à tous. Est-ce que le garçon qui l’embrasse avant le coma, et qui semble être celui qui a baissé son pantalon, est allé plus loin ? Est-ce que toute la bande lui est passée dessus ? Mandy ne sait pas ce qui s’est passé, elle ne se souvient de rien.
Le sujet est bien traité, sans pathos superfétatoire, sans grande démonstration, et la jeune Rhianne Barreto fait une belle performance d’actrice. Pippa Bianco avait tourné un court-métrage sur le même thème avant de réitérer avec ce premier film présenté en 2019 au Festival de Cannes.
Adèle O´Longh