Entre ciel et terre ou comment les livres et les mots font le lien entre les êtres, réparent les blessures et subliment le quotidien.
« Badur et le gamin s’étaient légèrement penchés en arrière pour contempler le ciel étoilé qui nous rend à la fois soumis et puissants et semble parfois nous parler. Et ce qu’il nous dit vient doucement caresser nos plaies anciennes ».
Le récit de Jón Kalman Stefánsson nous transporte dans un village de pêcheurs en Islande où les tempêtes de neige nous glacent jusqu’aux os. « La mer respire lourdement, elle est sombre et muette », « bleue en surface, mais noire comme le charbon en dessous », prête à engloutir ces hommes humbles qui rament au fond de coquilles de noix. Il nous dit aussi le bonheur simple des marins qui sirotent leur café brûlant en silence, « aussi noir que la plus sombre des nuits », avant de prendre la mer.
Le climat extrême, dans sa dureté et sa beauté, ne permet pas l’apitoiement sur soi. Le destin est là qui veille, malgré la mort et le chagrin. « Le désir de vivre habite les os, il coule, porté par le sang, vie, qu’es-tu donc ? ».
Les mots de Jón Kalman Stefánsson nous accompagnent un long moment, le livre refermé.
Elisabeth Dong
Entre ciel et terre de Jón Kalman Stefánsson, Folio
Illustration Gina Cubeles, fragment de la série Paisatges Ignots, 2019.