Chez Paradis
de Sébastien Gendron

Chez Paradis est un roman noir très original, très enlevé, avec beaucoup d’effets de surprise et des situations invraisemblables qui sont très drôles, très noires, très exagérées.

 

Cela commence par une attaque de fourgon façon roman noir américain et ça se poursuit en une histoire de vengeance mais qui perd peu à peu de son acuité, car la victime, qui retrouve son agresseur comme taulier au garage Paradis, est plus observatrice que vengeresse. Et surtout l’histoire prend des directions décoiffantes, foisonnantes même, avec des cinéastes ratés qui font du porno dans le motel attenant au garage, une jeune prostituée roumaine qui fait l’actrice et cherche à s’enfuir, une femme de garagiste qui s’ennuie et cherche à lui pourrir la vie, des truands qui n’ont pas l’intention de se faire marcher sur les pieds. Quant au garagiste, toujours rageux et de mauvais poil, il n’hésite pas à être violent chaque fois qu’il en a envie, mais sans jamais s’en prendre à plus balèze que lui.

 

Si le décor se passe dans les Causses, impossible de ne pas penser à un trou paumé du Kansas, au bord d’une route poussiéreuse, pas loin d’une bourgade pleine de red-necks qui ont le fusil accroché dans le tracteur.

 

Le rythme s’accélère et nous emporte, on soufre avec les (rares) personnages sympathiques, on attend que les salauds soient rétamés par la plume alerte de Sébastien Gendron, mais notre auteur n’a pas l’âme d’un justicier, il ne zigouille pas si facilement des personnages qu’il a fabriqués avec jubilation, on le comprend bien.

 

La fin est à la fois épique et cataclysmique, tous les moyens sont mobilisés pour que ce soit grandiose, et ça l’est, sans aucun doute, impossible d’en dire plus ici.

 

Un livre à lire pour se changer les idées, pour ceux qui aiment les romans déjantés et les personnages cinglés, les ambiances de bout du monde, les romanciers qui forcent le trait et en font des tonnes.