Le conte de Nathalie Léger-Cresson nous entraîne dans un univers où l’élément aquatique devient non seulement un reflet des passions humaines, mais également un miroir des fragilités de notre écosystème, de notre relation au vivant, et de notre fraternité à la dérive.
L’histoire de Flaques est d’une simplicité trompeuse : deux flaques d’eau, que l’on nomme respectivement Petite Flaque et Petite Flaque Aussi, quotidiennement confrontées à des humains qui les longent, les enjambent ou les traversent, s’engagent dans une série de réflexions philosophiques, à l’ombre de la tragédie qui nous pend au nez. Le tout en explorant le sentiment amoureux et leurs possibilités infinies de métamorphoses.
Ces deux narratrices, banales entités aquatiques a priori, incarnent des visions du monde irréconciliables, chacune dressant un portrait de la vie humaine et du fragile environnement qui est le notre.
« Petite Flaque voulait que nous prenions forme humaine. Facile, disait-elle, ils sont largement constitués d’eau, ça ne doit pas être compliqué d’en aspirer un peu chez chacun, sans abîmer personne… »
Bien qu’elles soit distinctes, un lien indéfectible unit les deux flaques : elles sont, en essence, Toute l’eau. Cette intrication souligne une vérité implacable — tout dans l’univers est interdépendant, et chaque goutte résonne à travers un tableau plus vaste, engendrant des effets dont l’écho se propage bien au-delà de ce qu’on pourrait imaginer. À la manière des cercles produits par une pierre tombant dans une eau calme.
Kits Hilaire
Flaques de Nathalie Léger-Cresson, éditions des femmes–Antoinette Fouque, 2025.
Illustration © Adèle O’Longh