Nous ne saurions trop conseiller aux personnes vivant à Montpellier ou s’y rendant pour fêter Noël d’aller voir l’exposition de Rebecca Campeau au Musée d’Art Brut, où ils auront l’occasion de découvrir, entre autres oeuvres insolites, des bas-reliefs en tissus brodés, aussi facétieux qu’inquiétants. Comme celui où des personnages aux grandes mains blanches, égayés dans des jardins ou sur des ponts suspendus à la manière des estampes chinoises, regardent frontalement ou en catimini qui vient les voir. Cachés derrière des colonnes parfois, sortant des buissons, en mouvement ou juste plantés sur place, ils semblent suspendus, arrêtés dans leur élan, étonnés de nous trouver là.
« Pluridisciplinaire, je sculpte, peins et dessine tout un univers peuplé de créatures – d’aucunes illustres, Van Gogh, Proust, Flaubert, Picasso, d’autres imaginaires, comme la représentation d’un monde intérieur enchanté, ludique, un univers intemporel et émouvant, le mien… », dit Rebecca Campeau.
Et c’est bien de cela qu’il s’agit. On trouvait déjà la même surprise empreinte de gêne, entre la bonne volonté et l’expectative, plus de trente ans auparavant, sur le visage des messieurs rassemblés autour d’elle, statues grandeur nature, bonhommes d’un autre temps qui semblent là sans y être, rassemblés pour cette photo peut-être ou un événement… mais lequel ?
Kits Hilaire
Exposition Rebecca Campeau au Musée d’Art Brut de Montpellier, 1 Rue Beau Séjour, du 4 septembre au 31 décembre 2019