Washington Black
d’Esi Edugyan

Nous sommes en 1830 dans une île de la Barbade. Lorsque Christopher Wilde, surnommé Titch, arrive dans la plantation familiale où son frère règne en tyran absolu, il n’a qu’une idée en tête : faire voler son ballon dirigeable, le Fendeur-de-Nuages. Ses yeux remarquent alors la silhouette d’un jeune esclave, Georges Washington Black, appelé Wash. « Tu as exactement la taille qu’il me faut. Le poids, vois-tu, c’est la clé du Fendeur-de-nuages. »

Bien que dès les premières pages, nous soyons submergés par la brutalité qui règne sur la plantation, l’auteure fait le choix de l’espoir. Elle scelle un pacte entre les deux hommes. L’un aspire à quitter l’enfer quand l’autre rêve des étoiles. Le premier offre son poids comme balancier, le second, la protection à celui qu’il va instruire. S’appuyer l’un sur l’autre dans un même chemin vers la liberté, y parviendront-ils ? Les caprices du ciel et de l’aéronef vont en décider au cours d’un long voyage.

Voyage dans des espaces contrastés où la nature se déploie avec générosité, offrant force et apaisement à ceux qui portent leur histoire et le poids de leurs blessures. La lutte pour l’égalité est longue, douloureuse, lourde du fardeau d’illusions et de souffrances multiples même si, parfois, oubliant pour un temps leurs différences, le cœur des deux hommes se met à battre à l’unisson. 

Le livre de la Canadienne Esi Edugyan est singulier. L’écriture est légère, délicate. On pense d’abord à un roman pour la jeunesse qui mêlerait histoire, romance et science. C’est tout cela en effet mais, plus encore, c’est un voyage au cœur d’une humanité qui peine à s’extraire de sa nuit.  

Elisabeth Dong

Washington Black, Esi Edugyan, Folio, 2020

Macro-Micro Terra © Gina Cubeles 2019